L'aventure à vélo

L'aventure à vélo
2011, Viet Nam/Cambodge en solitaire

mercredi 9 février 2011

Carnet 5 - Chuc Mung Nam Moi

Voyagez Sans Moteur, l'esprit libre
Un Grand Merci depuis Phnom Penh à Laurent Parisot pour sa Chronique consacrée à mon Blog, ce vendredi soir 11 février, sur France 3 Lorraine. 30 secondes d'encouragement valent parfois plus que des heures de Bla Bla. Lien:http://lorraine.france3.fr/les-chroniques-de-la-redaction/index.php?page=article&numsite=6596&id_rubrique=6611&id_article=16202

Viet Nam, pédalos et Tour Eiffel
Dalat, ville située dans les hauts plateaux, avec un quartier en hauteur qui n’est pas sans rappeler – pour son ambiance confinée - les ruelles de Montmartre, sans ses poulbots, sans ses pavés mais j’arpente un quartier à l’écart du bruit incessant des klaxons. Avec en prime, la Tour Eiffel… Enfin, une Tour Eiffel, petit format avec un traitement asiatique : du rouge et du blanc sur les quatre pattes de la girafe.

Je me suis détendu au bord du lac juste en contre bas de la ville, sur lequel d’énormes cygnes-pédalo font le régal des Coréens, des Chinois qui raffolent de ce genre de truc ; ici règne une ambiance de pique-nique familiale à l’ombre des arbres de la berge ; des restaurants en veux-tu en voilà, des hôtels se bousculent et des scooters par centaine déboulent.

Da Lat (ou Dalat)
C'est sans doute après Hoï Han l’endroit à visiter. De taille moyenne, la vie grouille et remplit dès le coucher du soleil les cafés. Par le pur des hasards, j’ai stoppé mon vélo devant un restaurant « Chez Tin Tin ». Installé à la première table venue, je me suis retourné et miracle : je vois un vrai. Accordé… Un bonheur m'envahit. Un piano droit estampillé KAWASAKI... euh, HONDA? YAMASUTRA... Yamaha, une petite marque locale.
Les 3 jours suivants, le matin sera consacré à la visite, la balade et lorsque la température atteint ses 70 degrés (bon, j'exagère un peu), et l'après-midi: musique à la fraîche. J’ai pu tout à loisir avec l’accord du responsable et sous l’oreille attendrie des serveuses jouer chaque après-midi, tranquillement. Point de tapage diurne: les clients rares à ces horaires ne feront pas la distinction entre un son de piano et celui d’un klaxon ou d’une sono poussée à fond.

Une belle bleue, une belle rouge et p'is s'en vont
Tout à coup, le 02 février, minuit, allongé dans mon lit, en train de lire un livre de contes vietnamiens, j’entends des explosions… Je m’habille et gagne la rue en effervescence. Des feux d’artifice embrasent la nuit sans rythme sans musique. Des milliers de vietnamiens assis sur leurs scooters ou debout juste à côté, observent avec le sourire. Et ça pète encore, ça passe par toutes les couleurs. Le public ne parle pas, et ce sera la seule fois où je n’entendrai pas de klaxon dans les rues : leurs mains sont occupées à tenir les guidons. Un second feu d’artifice, en doublon, à gauche du précédent. Puis le bouquet final… et ça redémarre de plus bel. La tour Eiffel s’éclaire, comme tous les soirs. Enfin le vrai bouquet final qui se distingue par le silence qui suit : l’année du Chat démarre. Chuc Mung Nam Moi... Happy New Year. Bonne année. Aussi sec, les moteurs s’allument et sans euphorie, sans embrassade ou sans « Meilleurs vœux » braillés à la face de chacun, tout le monde regagne ses pénates. Comme un bruit de pétard mouillé. Habitué à l’euphorie franchouillarde (lourde et agaçante) de notre Nouvel an, avec la coupe traditionnelle ainsi qu’à notre folklore, cette fois, j’étais surpris. Tels de bons petits soldats, les spectateurs sont venus, ont vu et n’en parlons plus. Les klaxons ont repris le relais. Les visages étaient souriants mais comme à leur habitude. L’année du chat était passée. Les prières à la pagode sont tous comme les vœux de chacun : une affaire personnelle et d’encens.

Départ et vite
A part l’estomac toujours fragilisé et des sommeils perturbés, je me suis senti bien. Un peu fiévreux ce dernier matin. Je crains que mon état joue sur mon humeur… Peut-être le fait de rester une journée supplémentaire me fera le plus grand bien mais voilà : la chambre n’est plus libre. « Sorry, sorry » Pas d’autre hôtel proposé. Bagages remis sur le vélo, la gare routière. Je demande le prochain bus pour Saïgon (Ho Chi Min)… Le type me montre du doigt la rue, soit ! Il se lève, quitte son bureau et va discuter avec le chauffeur d’un autocar « Bien, ça a l’air de se mettre en place » Je respire sous la chaleur. Il revient. Silence. Je viens le revoir. Il me regarde, sans sourire. Froidement : « I can help you ? » Non, non, je visite votre hall, ai-je failli lui répondre. Je sens que je l’embarrasse. Que j’ai les nerfs à fleur de peau. Il griffonne rapidement le nom d’une rue, me donne le papier, et s’adresse à d’autres clients. Inutile d’insister, quand on voyage en solitaire, on sait pour quoi !

Un Tigre dans un bus
Grâce à un plan de la ville, j’avais repéré la gare routière. « C’est dimanche, me déclare l’hôtesse en anglais, pas de chance, plus de bus ». Je sors de la gare routière, dépité, et à quelques mètres, l’année du chat me porte chance : je discerne, inscrit sur le bas côté d’un minibus « Saïgon ». Plusieurs minibus aux destinations variées… Merci, Mademoiselle l’Hôtesse, de ne pas faire de pub pour le voisin concurrent. Qui va me dépanner. Seconde leçon de la matinée : le voyageur solitaire, même souffreteux, ne doit jamais relâcher l’attention. Ses yeux doivent fureter jusque dans les moindres détails car ce sont généralement ceux qui feront basculer voire optimiser son parcours. Encore un effort. Je négocie l’aller. Je m’en tire à peu près bien. Tigre Vert est placé dans le minibus… c’est parti. Le VISA s’arrête après demain. Je serai dans les temps et les jambes seront reposées. Ces kilomètres en bus ne seront pas comptabilisés dans mon périple, évidemment.

Saïgon/ Moc Daï
Ce sera la dernière étape à vélo avant de franchir la frontière. La grosse ville vietnamienne ne m’intéresse en aucun cas. Je préfère – comme beaucoup d’ailleurs appeler cette ville Saïgon ; nom plus exotique que celui qu’elle porte actuellement en référence à l’oncle Ho, iconisé à outrance sur les panneaux de propagande : le père Barbichette représenté comme un sage… Imaginez, en France, la ville de Paris remplacée par… « Napoléon Ville », « Sarkoland ». Eh bien, Ho Chi Minh l’a fait. Ah, quand je pense à ce bon vieillard qui nageait dans la piscine de son bunker bétonné… Quel chemin parcouru.

« Honnête est celui qui se dit sage, encore faut-il qu’il soit suffisamment fou pour le croire »

Photo à gauche: le "photomaton"consiste à s'arrêter devant une boutique affichant Kodak, de préciser l'urgence pour obtenir vos quatre photos. Coût 20.000 Dong (à peine 1 €. Puis vous voilà paré pour franchir la frontière et vous faire le passeport.

Piou-piou
Le 6 février, je file vers la frontière. 80 km, une ligne droite. Une chaleur étouffante à laquelle je me suis habituée: un souffle régulier, un arrêt dès que la gorge est sèche. De l'eau, du soja, du coca. 10 litres environ/jour. Je supporte de moins en moins les coups de klaxons toutes les 6 secondes en moyenne ; les bus, les camions, les motos et tout ce qui avance avec un moteur est équipé de ce Canard Aboyeur aux sons de fête foraine, depuis la sirène des chenilles jusqu’au clairon des putching ball.

Photo à droite: accueil cambodgien... ouh lala!

Le poste frontière, un tampon pour la sortie. Un visa pour l’entrée (20 $ ou 450 000 Dong). J’arrive au Cambodge… Et c’est tout à coup le choc : j’entends des oiseaux sur la route ! Fin du périple Viet Namien, place au Cambodge. Direction : Phnom Penh ...
Photo à gauche: réparation du chapeau "à titre grâcieux"

Intitulé Photo de gauche: Allez, je la fais: "En l'attendant"

Prochain Carnet 6, Madame Penh – Travail confirmé avec PSE et mise en place en cours pour l'école de cirque de Battambang. Je pense à vous. Et je pense à eux...
Photos suivantes: Quelques portraits glanés, en échange d'une discussion ou d'une chanson

Thank You for all, for your smile, your hospitality

and... Chuc Mung Nam Moi. You can contact me here : pyerrot.prest@yahoo.fr

PS: grâce aux infos et émissions de TV5 Monde - Asie, j'ai appris que:

-je ne prendrai pas de vacances en Egypte en période mouvementée

-la Francophonie est un label Eco-initiative d'un hôtel québécois... canadien (?)

-l'origine de l'expression: "Crier Gare"(Se garder/se protéger. Se garer, garage)

-d'autres mots grâce à Monsieur Dictionnaire, avec la participation de Geluck (Le Chat)

J'ai vu ou revu :

- Toto le héros, superbe film

-Un taxi pour Tobrouk, dialogues de Michel Audiard

-un très bon reportage sur la Corée du Sud